Topic des couche-tard, 70

Shanx · Le 24/03/2016, à 10:01

Je trouve qu'en ce moment tu râles beaucoup.

Na K' en vadrouille · Le 24/03/2016, à 11:31

Tiens, ça faisait un bail : http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-l … es-4117960 Genre j'me demandais s'ils avaient oublié cette coutume ancestrale.

Shanx a écrit :

Je trouve qu'en ce moment tu râles beaucoup.

Chuis à Paris !

Puis j'me suis rendu compte qu'en fait je m'ennuie, et que j'm'ennuyais déjà en préparant les concours. Faire de l'histoire, c'est plutôt cool, mais il manque un truc. J'crois qu'avant, je pensais que plus j'avancerais, plus j'm'amuserais à m'faire des noeuds au cerveau et plus ça serait cool, mais en fait ça manque d'ampleur, d'action et d'existence. Puis les historiens n'sont pas aussi rigoureux que ce qu'ils prétendent, ça vend du rêve mais la réalité est un peu décevante.

Na K' en vadrouille · Le 24/03/2016, à 11:34

Et en plus, j'ai encore oublié de prendre un nouveau paquet de kleenex. Qu'ai-je donc fait pour mériter un tel sort ?!!

inbox · Le 24/03/2016, à 11:38

Des études d'histoire, c'te bonne blague !

Na K' en vadrouille · Le 24/03/2016, à 12:11

Les études d'histoire font oublier les paquets de kleenex ?!

Shanx · Le 24/03/2016, à 12:14

Na K' en vadrouille a écrit :

Puis j'me suis rendu compte qu'en fait je m'ennuie, et que j'm'ennuyais déjà en préparant les concours. Faire de l'histoire, c'est plutôt cool, mais il manque un truc. J'crois qu'avant, je pensais que plus j'avancerais, plus j'm'amuserais à m'faire des noeuds au cerveau et plus ça serait cool, mais en fait ça manque d'ampleur, d'action et d'existence. Puis les historiens n'sont pas aussi rigoureux que ce qu'ils prétendent, ça vend du rêve mais la réalité est un peu décevante.

Donc tu vas faire médecin ?

Shanx · Le 24/03/2016, à 12:14

En vrai c'est dur de faire 5+ années d'études pour se rendre compte qu'on est pas fan du boulot.

Na K' en vadrouille · Le 24/03/2016, à 12:29

Nan, les études sont intéressantes, ça donne des idées, des méthodes, des façons de penser, et je ne regrette pas d'avoir fait ça, d'autant que mes envies et frustration sont à mon avis en grande partie issues de mon parcours et de mes expériences. Mais maintenant, le problème, c'est le présent.

Puis c'est dommage qu'on ne voit les études que d'un point de vue strictement utilitaire, pour avoir un job au bout, et non pas comme temps pour forger un individu.

Arcans · Le 24/03/2016, à 13:01

Shanx a écrit :

En vrai c'est dur de faire 5+ années d'études pour se rendre compte qu'on est pas fan du boulot.

Bah, c’pas forcément un boulot. Perso je continue pour le moment en pur amateur et me voit bien organiser ma vie pour avoir toujours un peu de temps à y consacrer, par simple passion.

Bon, ça impliquerait juste que je parvienne à vraiment organiser ma vie, c’est déjà un défi en soi.

Arcans · Le 24/03/2016, à 13:04

Na K' en vadrouille a écrit :

mais en fait ça manque d'ampleur, d'action et d'existence.

Je serais intéressé que tu explicites un peu plus ceci en fait.

Na K' en vadrouille · Le 24/03/2016, à 13:23

Ça manque d'ampleur : tu bosses sur ton petit sujet, c'est un peu restreint, ça ne t'amènes pas à révolutionner ta vision du monde, y a pas d'enjeux vieux qui te foutent un peu de bon stress (pour moi, le stress lié aux conventions sociales est un mauvais stress, le stress lié à la nécessité de se concentrer, à être à fond dans l'instant, dans le geste, dans l'action est un bon stress - ça concerne des trucs aussi variés que faire de la musique, passer un endroit délicat en escalade ou arriver sur une victime en secourisme).

Ça manque d'action : t'es le cul sur ta chaise toute la journée, y a pas d'adrénaline.

Ça manque d'existence : bah, si on part du principe qu'un humain est défini par ce qu'il fait et non par ce qu'il est, c'est pas transcendant de passer sa vie le cul sur une chaise.

Avant, je pensais que comme se faire des nœuds au cerveau est rigolo, aller à fond dans l'emmelage de cerveau serait le plus satisfaisant. Maintenant, je trouve qu'il manque un truc.

Na K' en vadrouille · Le 24/03/2016, à 13:31

Puis en fait, même d'un point de vue strictement intellectuel, ça manque de défi.

Elzen · Le 24/03/2016, à 13:36

Attend d'être en train de rédiger une thèse où, quel que soit l'ordre dans lequel tes encadrants pensaient que les infos devaient arriver, le temps que tu rédiges et qu'ils relisent, ils finissent par trouver que ça irait mieux dans un autre.

Na K' en vadrouille · Le 24/03/2016, à 14:06

Ouais mais nan. La gestion des relations avec les "encadrants" (et la gestion des encadrants d'ailleurs...) est l'un des trucs qui me pompe l'air à un niveau himalayen. C'est juste du stress pour du stress, y a aucun enjeu sérieux qui justifie tout ça. Et franchement, dépenser de l'énergie et de la réflexion pour des trucs aussi futiles que l'ordre de mes parties, ouais, ça m'ennuie d'avance.

Puis, c'est un peu ça que je trouve lourd, aussi (même si ça reste secondaire) : le sommet de la réflexion, c'est pas l'ordre des parties ou je ne sais quel détail à la noix.

Henry de Monfreid · Le 24/03/2016, à 14:08

Na K' en vadrouille a écrit :

Ouais mais nan. La gestion des relations avec les "encadrants" (et la gestion des encadrants d'ailleurs...) est l'un des trucs qui me pompe l'air à un niveau himalayen.

En résumé : tu ne peux pas encadrer les encadrants.

Sir Na Kraïou · Le 24/03/2016, à 14:15

Voilà.

Sir Na Kraïou · Le 24/03/2016, à 14:15

(moi, j’ai une adresse IP de la BNF ! )

Arcans · Le 24/03/2016, à 15:08

[NB : je divise un peu le tout pour répondre d’un coup à des idées semblables]

Na K' en vadrouille a écrit :

Ça manque d'action : t'es le cul sur ta chaise toute la journée, y a pas d'adrénaline.

En effet, les moments où je n’ai rien à aller chercher de l’autre côté de la bibliothèque ne sont vraiment pas mes moments préférés, surtout que, dans mon cas, la position assise convient mal à quelques douleurs au dos et à un genou qui m’emmerdent depuis quelques temps déjà. Enfin, je fais actuellement deux sports à côté pour gérer le manque d’action, et c’est clair que mes deux dernières années d’étude, quand j’avais dû arrêter le sport, ça devenait très pénible.

Na K' en vadrouille a écrit :

Ça manque d'ampleur : tu bosses sur ton petit sujet, c'est un peu restreint, ça ne t'amènes pas à révolutionner ta vision du monde, y a pas d'enjeux vieux qui te foutent un peu de bon stress (pour moi, le stress lié aux conventions sociales est un mauvais stress, le stress lié à la nécessité de se concentrer, à être à fond dans l'instant, dans le geste, dans l'action est un bon stress - ça concerne des trucs aussi variés que faire de la musique, passer un endroit délicat en escalade ou arriver sur une victime en secourisme).

Na K' en vadrouille a écrit :

Puis en fait, même d'un point de vue strictement intellectuel, ça manque de défi.

Oui, c’est clair qu’en histoire, c’est dur dur de trouver / proposer quelque chose de vraiment nouveau. Ça me frustre aussi assez bien ces derniers temps, et je le sens probablement d’autant plus que je n’ai pour sources que des sources littéraires, toutes connues, lues et relues depuis des siècles… Et dans mon idée de continuer en amateur, c’est un élément que je prends dans ce à quoi je pourrais m’intéresser. J’ai notamment un certain intérêt pour l’histoire globale, qui a l’air d’avoir quelques champs assez ouvert pour des nouveautés pour le moment, mais faudrait que j’approfondisse un peu plus que les quelques articles que j’ai lu jusqu’à présent. Trouver en histoire un défi à surmonter qui porte un enjeu, c’est difficile, et il y a des moments où je me demande si ce n’est pas en recherchant cela justement que je m’étais choisis un premier sujet de mémoire absolument infaisable, ce qui m’a vallu de devoir faire un an de plus, et que je me suis finalement rabattu sur un truc “plus simple” que mon idée originale, mais suffisamment compliqué pour être dans de nombreux articles comme “l’un des dossiers les plus compliqué de l’histoire de l’époque médio-républicaine”.

Il en reste quand même que n’est pas Howard Zinn, par exemple, qui veut. Dur dur de trouver quelque chose de révolutionnaires. Limite, j’en jalouserais presque les archéologues, en tout cas ceux qui ont la chance de trouve rquelque chose de vraiment nouveau. Ou encore les spécialistes du Proche-Orient antique, j’en discutais justement l’autre jour avec celui qui avait été mon prof d’akkadien et hittite à l’époque en lui disant que je pensais parfois me relancer là-dedans pour pouvoir en travailler sur des données nouvelles, des sources nouvelles, plutôt que de devoir me taper des km d’historiographies sur des sources usées jusqu’à la corde. Mais lui-même disait que parfois, il était jaloux de ceux qui ne doivent pas analyser en permanence des sources nouvelles sans aucun aucun autre travail de référence dessus et avec le risque toujours présent que dès qu’on pense avoir enfin fini, une nouvelle tablette soit dispo qui force à tout recommencer. Mais personnellement, je classerais justement ça dans ce que tu appelles du “bon stress”.

Et concernant cet idée de stress “immédiat”, je pense que tu as assez raison ; en tout cas, si je retrouvais plus souvent dans mes recherches historiques ce même stress “immédiat” que celui que je connaissais en compétition sportive —celui qui m’a fait à plusieurs reprises battre mon record en championnat à un essai où si je rate je suis éliminé parce que je n’ai fait que des nuls jusque là—, je serais fort probablement bien plus efficace / productif. Mais je ne le ressens que très rarement, et, dans mon cas particulier, je dirais que c’est lié au fait de souvent rester juste assis sur une chaise, car chez moi ce stress positif s’exprime surtout dans le besoin de bouger, d’agir. Lorsque je suis dans une phase de recherche bibliographique, je peux te retourner une bibliothèque en un après-midi, comprendre ce dont parle un article en le feuilletant et m’en souvenir, faire des liens rapides entre un truc que j’ai en main, la bibliographie, où trouver ça les nouvelles références que j’ai la main, quel outil de travail choper pour continuer, etc… Je suis alors vraiment efficace. En revanche, dans la partie rédaction où je suis en bonne partie coincer sur ma chaise, je n’ai clairement pas ce stress, et ça me place dans des situations comme je suis aujourd’hui : j’ai une conclusion à écrire pour achever mon article, depuis trois semaines, ça doit faire trois–quatre paragraphes et je ne suis pas encore parvenu en faire la moitié du premier…

Na K' en vadrouille a écrit :

Ça manque d'existence : bah, si on part du principe qu'un humain est défini par ce qu'il fait et non par ce qu'il est, c'est pas transcendant de passer sa vie le cul sur une chaise.

Bah, tu fais aussi quelque chose, même en étant assis.
Enfin, je vois l’idée quand même et je te rejoins, cf. ci-dessus le paragraphe sur le stress.

Na K' en vadrouille a écrit :

Avant, je pensais que comme se faire des nœuds au cerveau est rigolo, aller à fond dans l'emmelage de cerveau serait le plus satisfaisant. Maintenant, je trouve qu'il manque un truc.

Ben, je dirais qu’il y a un moment où il faut parvenir à les défaire les nœuds justement, sinon c’est carrément frustrant.

Mornagest · Le 24/03/2016, à 15:16

Na K' en vadrouille a écrit :

Puis c'est dommage qu'on ne voit les études que d'un point de vue strictement utilitaire, pour avoir un job au bout, et non pas comme temps pour forger un individu.

Ça, je pense que c'est assez personnel ; j'ai passé 6 ans aux études supérieures, dont 4 un peu "perdues" (même si le terme n'est pas bien choisi ; disons que je n'en ai rien tiré sur le plan diplômesque), et au bout du compte, j'ai gagné pas mal de choses autrement liées à ce que j'ai strictement appris par mes cours. Ne serait-ce que de la maturité et du recul vis-à-vis de pas mal de considérations personnelles.

D'autant que j'ai fini par avoir un boulot qui n'est pas vraiment lié à mon parcours universitaire/haute-écolier.

PPdM · Le 24/03/2016, à 16:00

Na K' en vadrouille a écrit :

Nan, les études sont intéressantes, ça donne des idées, des méthodes, des façons de penser, et je ne regrette pas d'avoir fait ça, d'autant que mes envies et frustration sont à mon avis en grande partie issues de mon parcours et de mes expériences. Mais maintenant, le problème, c'est le présent.
Puis c'est dommage qu'on ne voit les études que d'un point de vue strictement utilitaire, pour avoir un job au bout, et non pas comme temps pour forger un individu.

Je plussoie.
je bosse pour vivre et j’étudie pour le plaisir, des fois (souvent) ce que j'apprends me sert pour bosser mais ce n'est pas le but, c'est un dommage collatéral, comme disent les militaires.

Elzen · Le 24/03/2016, à 16:56

En d'autres termes, on serait tellement plus utiles au chômage…

Sir Na Kraïou · Le 24/03/2016, à 17:58

Il est cool, cet article ! \o/

Arcans a écrit :

Oui, c’est clair qu’en histoire, c’est dur dur de trouver / proposer quelque chose de vraiment nouveau.

Y a de ça (et je suis complètement d’acc’ avec ce que tu écris en dessous), mais en fait, je pensais plutôt à l’écart entre l’investissement intellectuel demandé (important) et l’objet de cet investissement (un peu futile, ça n’a pas grand chose d’existentiel, de vital, d’urgent, ni même de bandant). J’aime bien faire des trucs un peu gratuits, faire tourner le cerveau juste pour le plaisir de faire tourner le cerveau, mais y a un moment où j’ai envie d’autre chose. C’est comme manger du chocolat : c’est cool, mais pas au point de consacrer *toute* sa vie à ça.

D’ailleurs, l’idée de faire, après la thèse, de l’histoire en amateur me tente aussi de plus en plus (en plus, j’ai l’impression que j’aurais plus de liberté là qu’en visant le milieu professionnel), il y a des pistes à creuser.

Arcans a écrit :

aller chercher de l’autre côté de la bibliothèque

J’trouve pas que ça soit non plus incroyable en terme d’action et d’adrénaline, et j’ai rarement une grosse montée de stress en traversant une bibliothèque…

À la limite, quand j’dis « assis le cul sur une chaise », c’est plutôt symbolique. Par exemple, j’aime beaucoup être à la régulation, dans les gros postes de secours où ça bouge : tu gères tout, tu sais tout, t’as des gros moments de feu, et c’est un peu la panique partout. Pourtant, techniquement, tu passes la journée (ou la nuit…) assis sur une chaise.

Sinon, pour préciser ça :

Na K' en vadrouille a écrit :

Puis en fait, même d'un point de vue strictement intellectuel, ça manque de défi.

J’trouve surtout que c’est « trop facile », du coup, c’est ennuyeux (et du coup, je n’arrive pas à m’y mettre… bon, bref… ), il n’y a pas de perspective de se lancer dans un truc compliqué à mort, où on va galérer. Évidemment, sur le long terme, c’est un travail considérable, mais au jour le jour, c’est petit (puis bon… « considérable », j’attends de voir : on m’avait présenté les concours comme un truc absolument épouvantablement prise de tête, comme le summum du défi et de la difficulté intellectuelle, or c’est clairement pas le souvenir que j’en ai). J’me souviens que quand j’avais des versions de latin en temps limité, il y avait un peu de ça : pendant deux heures, c’était à fond, sans lâcher l’affaire une seule seconde, sans avoir un seul petit morceau de cerveau occupé à fôlatrer, rêvasser, s’tourner les pouces. C’était intense, y avait vraiment un défi.

Arcans a écrit :

Il en reste quand même que n’est pas Howard Zinn, par exemple, qui veut. Dur dur de trouver quelque chose de révolutionnaires.

Puis le milieu universitaire ne pousse pas vraiment à sortir du chemin, je trouve. On glorifie bien les historiens qui le font, en cours, mais c’est limite comme pour les mettre sur un piédestal, comme une élite qu’il serait malvenu et prétentieux de vouloir imiter.

Arcans a écrit :

Mais je ne le ressens que très rarement, et, dans mon cas particulier, je dirais que c’est lié au fait de souvent rester juste assis sur une chaise, car chez moi ce stress positif s’exprime surtout dans le besoin de bouger, d’agir. Lorsque je suis dans une phase de recherche bibliographique, je peux te retourner une bibliothèque en un après-midi, comprendre ce dont parle un article en le feuilletant et m’en souvenir, faire des liens rapides entre un truc que j’ai en main, la bibliographie, où trouver ça les nouvelles références que j’ai la main, quel outil de travail choper pour continuer, etc…

J’aime bien faire ça, avoir cette sensation, cette stimulation (qui est trop rare…), mais je ne trouve pas cela stressant, y a pas la sensation que tu dois réussir ça *maintenant*, sinon tu vas perdre, (te) faire mal, faire advenir une catastrophe, que c’est tout de suite ou jamais.

Compte anonymisé · Le 24/03/2016, à 18:15

Waow... z'êtes en pleine crise existentielle, j'ai l'impression.

Sir Na Kraïou · Le 24/03/2016, à 18:21

Comme d’hab’, quoi.

Compte anonymisé · Le 24/03/2016, à 18:35

Ouais, mais cliniquement le tableau me parait plus grave que d'habitude. Une sorte d'acutisation d'une forme chronique.

Ceci dit, si je remonte à mes jeunes années (genre chuis un vieux con mais ça c'est connu), je ne savais pas trop ce que je voulais faire et je me suis retrouvé là où je suis un peu par hasard, et surtout parce j'avais oublié de m'inscrire ailleurs. Bon, après je suis resté mais je n'avais clairement pas de vocation particulière au départ.

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